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Les femmes ont droit à de nouvelles règles !

Les Solibox

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Je n'ai jamais compris pourquoi on associait un phénomène naturel, infiniment délicat, soumis à des perturbations de tous ordres, bref profondément intime et mystérieux, à ce terrible mot qui régit la société toute entière : règles. 

Sociales, religieuses, mathématiques, juridiques, les règles sont des prescriptions générales et régulatrices, garantes de l'ordre.  

Or, la moitié de la société  y échappe. Et pourtant, c'est elle, cette moitié-là, qui s'est emparée de l'affaire. Cette moitié, qui depuis des temps immémoriaux, fabrique les règles : des 10 commandements au Code Civil, Moïse et Napoléon se sont chargés d'organiser la société, sans que les femmes aient eu leur mot à dire. 

 

Ce phénomène d'appropriation est assez étrange, voire savoureux. Pourquoi nommer règles, ce qui ne répond pas aux règles ? Qui se passe des règles même ? 

Les règles des femmes  échappent aux hommes. Elles les rebutent et les dégoûtent. Ce flux incontrôlé et voyant, à la couleur provocante, qui met souvent les femmes à plat, vient du plus profond d'elles-mêmes et suit un cycle naturel relié à celui de la lune. 

La nature regorge de ces cycles, celui des saisons, du jour qui succède à la nuit, de l'eau qui s'évapore et redevient pluie, de la feuille morte qui se décompose et nourrit l'arbre d'où elle est tombée... Rythme immuable. Même en temps de guerre et de catastrophe, même en temps de deuil,  les arbres fleurissent avec insolence au printemps. Et les femmes perdent du sang et nidifient. 

Ces cycles puissants n'appartiennent pas aux hommes. 

Alors ils ignorent le flux féminin, le cachent, le nient, l'affublent du nom de règles, pour essayer de le contrôler. Et les femmes tombent dans le panneau. 

Car depuis toujours les femmes leur donnent des noms de code, se les chuchotent en cachette - « ragnagnas », « les Anglais ont débarqué », « recevoir les courriers de Rome », « avoir sa semaine de ketchup », « alerte rouge » et redoublent d'efforts pour cacher leur état, leurs tampons, leurs serviettes et leurs cups. Elles ont honte et le rouge au front, cachent le rouge affront. C'est la règle. 

Les règles sont objet de tous les maux ou de tous les soulagements : ne pas avoir ses règles, alors qu'on voudrait les avoir, les avoir, alors qu'on ne voudrait pas, les règles empoisonnent la vie des femmes. Certaines décident même de les supprimer chimiquement pour avoir la paix. Les règles sont devenues un problème dans la société des hommes. 

 

Moi, je rêve qu'on appelle les règles autrement et qu'on les vive autrement. 

J'aime bien l'expression « avoir ses coquelicots », c'est poétique, c'est naturel, c'est cyclique. 

Quoi de plus joli qu'un champ de blé en herbe, ondulant sous le vent et piqueté de ces taches rouge sang à la fin du printemps ? 

J'aime bien les Solibox qui fleurissent dans les rues de Montpellier, où sans détour et sans gêne, on dépose et on prend des protections, sans prendre de précautions, sans craindre le qu'en dira-t-on.

J'aime l'initiative de ces filles et de ces garçons qui ont un autre regard sur ce phénomène naturel.

Je rêve que les protections soient gratuites, je rêve que les femmes à plat pendant ces périodes délicates puissent se reposer sans demander la permission,  je rêve qu'on les remercie, qu'on les glorifie pour continuer à porter l'humanité, qu'on masse tendrement ce ventre souffrant, qu'il soit plat ou rond, vide ou porteur de vie nouvelle. 

Je rêve qu'on fiche la paix aux femmes, qu'elles n'aient pas besoin de faire semblant, d'être performantes quoiqu'il leur en coûte. 

 

Car la seule règle qui soit valable pendant ces jours mystérieux, c'est la bienveillance et le respect. Respect devant le cycle mystérieux et immuable de la nature. Respect devant la force créatrice de la terre et de la femme. 

Alors, femmes, soyez libres et fières, hommes, inclinez-vous et ne nous imposez plus vos règles !

 

Caroline Fabre-Rousseau, Auteure

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